Point sur le perchloréthylène

Le perchloréthylène va bientôt disparaître des pressings, laissant place à la technique du Nettoyage à l’eau professionnel, ou l’aqua nettoyage, et à l’usage de nouveaux solvants alternatifs qui font déjà leur entrée dans les pressings en France.

Pour vous donner quelques informations complémentaires sur cette évolution majeure que vit en ce moment  le secteur du nettoyage professionnel, M. Letourneur, Vice-Président de la FFPB (Fédération Franç;aise des Pressings et des Blanchisseries) et Président du CTTN (Centre Technique de la Teinture et du Nettoyage), a bien voulu répondre  à nos questions.

COFREET : Monsieur Letourneur,  quelles sont les prochaines échéances quant à l’application de la loi visant à interdire l’utilisation du perchloréthylène dans les pressings en France ?

 

M. Letourneur :

L’arrêté du Ministère de l’Ecologie paru en décembre 2012 fixe, dans un souci de santé publique, un calendrier de sortie du Perchloroéthylène (appelé Perc)  en fonction de l’âge de la machine de nettoyage à sec installée dans le pressing. Les machines à sec les plus anciennes devaient être supprimées avant septembre 2014 et les machines les plus récentes devront être changées pour fin 2021. A la fin de l’année 2015, notre syndicat professionnel estime que 50% des 5.000 machines au Perc installées en France auront été supprimées.

 

Attention : l’arrêté ministériel ne concerne que les machines installées dans des locaux jouxtant des locaux habités par des tiers (logement ou bureau). Donc il est possible de conserver une machine au Perc mais dans des zones industrielles. A noter que la France est, le premier état à adopter une législation si radicale avec un calendrier si serré.

 

COFREET : Quel(s) solvant(s) viendra/viendront prendre la place du perchloroéthylène ?
Quelles sont/seront leurs propriétés ?
Quelle efficacité en plus ou en moins vont-ils apporter ?
Comment les fabricants de produits textiles en seront-ils informés ?

 

M. Letourneur :

Pour remplacer le Perc, plusieurs solutions s’offrent aux Professionnels. L’Aquanettoyage, qui allie des produits lessiviels spécifiques et des programmes particuliers, ou des solvants. La première solution rencontre un grand succès (60%) car elle est moins onéreuse à l’achat, elle est très subventionnée par plusieurs organismes dont  la CNAM (Caisse Nationale d’Assurance Maladie) qui la met fortement en avant, et elle permet aux pressings de sortir de la réglementation draconienne des ICPE (Installation Classée Pour l’Environnement). Cependant elle nécessite un excellent professionnalisme de la part de l’exploitant.

 Les solvants de substitution sont nombreux et de nouveaux apparaissent régulièrement, mais celui qui rencontre le plus de succès est un dérivé d’hydrocarbures (KWL), largement répandu en Allemagne, qui est un solvant plus doux, moins efficace en termes de dégraissage, mais moins agressif vis-à-vis des textiles et des ornements. Les couleurs sont plus lumineuses et le toucher moins rêche. Tous les solvants de substitution sont combustibles, et nécessitent donc des machines spécifiques, plus onéreuses à l’achat et à l’utilisation.

 

COFREET : L’aqua nettoyage semble prendre de plus en plus d’ampleur actuellement;  est-il possible et recommandé pour tous types de fibres ?
Les fabricants de produits textiles devraient-ils davantage préconiser ce type d’entretien professionnel pour leur produit nécessitant l’intervention d’un professionnel de l’entretien ?

 

M. Letourneur :

En effet, comme je viens de l’indiquer, c’est l’Aquanettoyage qui rencontre pour l’instant le plus de succés dans la substitution du Perc. Mais il faut bien toucher du doigt que contrairement au nettoyage au solvant, le nettoyage à l’eau n’est pas une solution normée : il existe au moins une dizaine de fournisseurs de produits, qui gardent secret leur formulation et qui la font évoluer, et une dizaine de fournisseurs de matériel, qui eux aussi ont des programmations spécifiques (température et quantité d’eau, action mécanique, etc..). De plus le professionnalisme de l’exploitant est aussi capital (choix du programme adapté, type de séchage, équipement…) car c’est une solution plus difficile à mettre en œuvre.

Il est donc très difficile d’avoir une position uniforme sur l’Aquanettoyage car sous ce terme générique existent beaucoup de solutions, avec leurs qualités mais aussi leurs défauts…Cependant le CTTN estime que 75% des articles textiles du fait de leur composition supportent sans problème les nettoyages à l’eau. Donc en effet les fabricants doivent faire en sorte que l’on puisse se référer au symbole , car c’est celui dont auront besoin la majorité des exploitants de pressing, (qu’ils n’utilisent que l’aquanettoyage ou bien l’aquanettoyage en association avec un procédé solvant). Pour les 25% restant, le fabricant doit procéder à des tests pour savoir si son article supporte sans dommage  un ou plusieurs Aquanettoyages successifs. Car gardons à l’esprit que le  n’apparaisse pas ou qu’il apparaisse, cela veut dire que l’aquanettoyage est autorisé (ISO 3758:2012). Pour l’interdire, il faut utiliser ce symbole : .

 

COFREET : Quelles sont les conséquences de ces changements de techniques d’entretien pour les fabricants de produits textiles dans le secteur de l’habillement, et de la décoration en particulier?
Un changement de solvant ou de produit lessive dans le cas de l’aqua nettoyage devrait forcément remettre en question les tests de qualité et les informations d’entretien à disposer sur l’étiquette.
Quelles seraient vos recommandations à ce sujet ?

 

M. Letourneur :

Vous touchez là le souci auquel toute la chaîne est confrontée (fabricants, confection et pressings). C’est devant ce constat que la FFPB, le COFREET et le CTTN ont décidé de créer un groupe de travail. Feront également partie de ce Groupe de travail des adhérents du COFREET (marques textile), qui utilisent régulièrement les symboles d’entretien professionnel sur leurs étiquettes d’entretien. L’objectif est de bien cerner tous les paramètres pour faire des préconisations aussi bien aux professionnels, aux marques adhérentes du COFREET, qu’aux experts en charge de la normalisation.

 

Le COFREET est à votre disposition pour répondre à toute autre question que vous auriez sur cette évolution importante qui touche l’entretien professionnel.

Merci de nous les adresser par email à info@cofreet.com.